Le roi Melchior, mage wagnérien

Publié le par Alec

Chers lecteurs, chers lectrices, que faire quand on ne trouve pas d' idée d' article pour son petit blog, que l' on est ni journaliste ni critique professionnel, mais que l' on souhaite quand même essayer de vous intéresser, ô bienheureux , si possible en sortant un peu des sentiers battus ?


Le coup des anniversaires? Un peu facile me direz-vous et vous aurez raison ...


Mais quand même Verdi, Wagner (bicentenaires) et Britten (centenaire) en 2013, trois géants lyriques? Trop balisé me ferai-je rétorquer ... 


Mais à ce stade de ma recherche je venais de me rendre compte que de Wagner ma pensée s' acheminait vers celui qui reste sans doute l' incarnation idéale de ses héros, Tannhauser, Siegfried, Tristan ou Parsifal; un ténor danois disparu il y a tout juste 40 ans : Lauritz Melchior . 

 

Colosse aimant la bonne chère et la chasse,  Melchior (né en 1890) régna sur les grands rôles de heldentenor wagnérien dans les années 30 et 40, en Europe (Bayreuth, Covent Garden) et aux Etats_Unis (le Met), devenant au fil des ans une sorte de légende, emblème de ce que beaucoup de commentateurs nomment l' "âge d' or" du chant wagnérien aux côtés des sopranos Flagstad, Traubel, Lehmann ou du baryton Friedrich Schorr.

 

Les chiffres donnent le vertige :  il fut, en scène, 229 fois Tristan (!), 188 fois Siegmund, 144 fois Tannhauser, 128 fois le jeune Siegfried, 107 fois le Siegfried du "Crépuscule", 106 fois Lohengrin et 81 fois Parsifal .      

                    .

De ses débuts comme baryton, sa voix garda cette couleur assombrie, aux couleurs de bronze dans le médium et d' ambre dans les notes les plus hautes, avec à la clef une richesse d' harmoniques enivrante, magique et que les disques , en dépit leur âge, conservent parfaitement, les gravures électriques étant favorables aux voix .

 

     Doté de moyens hors-normes lui permettant de "tenir la distance" dans des rôles de format épique, la subtilité de la ligne et des nuances alliées à une grande variété des couleurs de la voix; la parfaite tenue du legato résultant (sans nul doute) d' une maîtrise du souffle tout aussi parfaite ; la diction très pure (un trait d' époque) firent de lui un héros-poète, et non pas une brute épaisse écervelée, que certains ont voulu voir (pour un tas de raisons...) dans les grandes figures du ténor wagnérien.

 

Il faut écouter tout ce que vous pouvez de ce chanteur, mais avant tout son Tristan, par exemple avec Flagstad et Reiner au Covent Garden en 1936 (Naxos) ou les extraits de studio :



 



Ou son Siegmund dans le 1er acte de la Walkyrie dirigé par Bruno Walter en 1935 (EMI), un classique, tout simplement sublime :

 

 

Il ne se cantonna pas à Wagner et fut notamment un grand Otello verdien avant, devenu citoyen américain et la notoriété aidant (aux States, les stars du Met étaient LES stars ) de caresser des muses plus légères à la fin de sa vie, dans des night-clubs ou à la télé, comme en témoigne cette séquence partagée avec l' humoriste Victor Borge :


 

 

 

Publié dans Le Palais d' Alec

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